mardi 12 avril 2016

Métaphysique du tube

"And that's what I do,
That's my life.

I spend my days blowing into a pipe.
And I try to find the meaning at the other end."

Said the British French Horn player.




mercredi 10 septembre 2014

What's in a name? (complainte de l'enfant gâtée qui tentait de devenir adulte)

Le bébé a déjà 20 jours, ou presque, ou quelque chose comme ça...
Et toujours pas sûrs de son prénom.

Il serait temps de se décider, les enfants, vous allez pas vous amuser à jouer longtemps avec ça, non?
Où qu'est-y où qu'est-y?

Sera-t-elle distinguée, élégante, volontaire, affirmée? Ou porteuse de mauvaise augure? De mauvais souvenirs? de peurs? D'envie de hurler?

Pourquoi, encore, toujours cette envie de hurler?
Pourquoi parfois cette lance, ce fer si brûlant, acéré?

Pourquoi envie alors de partir, de prendre mes clics et mes clacs, c'est fini, bam! foutre le camp, aller voir ailleurs si j'y suis, sur une plage qui n'aurait pas de nom, à me balancer sur la planche de bois reliée au toit du petit bar-cabane par d'épaisses et sympathiques cordes, à siroter une margarita, personne me connaît, je connais personne, seul un vieil indien sur le T-Shirt duquel se cabre un cheval sous l'orage corrige mes fautes d'espagnol, que sea, pas que es, ah ouais c'est vrai, c'est du subjonctif, ay papi! perdona, forgive me, et ressers moi un verre, toi, espèce de beau barman bronzé qui appartient à une autre, et en vérité je m'en fiche, je ne suis venue ni pour toi ni pour moi ni pour le sable sous mes pieds, ni pour les étoiles illuminant ce petit phare penché rouge dans l'océan, telle la tour de Pise, mais pour...

Pour quoi au juste?
Et qu'irais-je donc foutre là-bas? Et comment ne pas trouver l'ennui? Et dans l'ennui, comment ne pas trouver ce qu'ici je fuis?

Serpent Shiva qui se mord la queue qu'il a jolie, d'ailleurs.

Non. Là n'est pas la solution.

Alors quoi?
Les faire partir, tous?
C'est fini, Berlin, vous y avez vécu votre temps, allez hop, va voir ailleurs si ton accent y a la même saveur, et laisse moi enfin prendre possession de chacune des ruelles, faire de cette ville la mienne, sans souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps, vampire qui sur les clichés n'apparaît pas, et maintenant là, bien en os bien en chair surtout, Label rouge, mon pote, on s'est pas foutu de ta gueule, et alors quoi? tu te pousserais pas d'là que j'm'y mette?

Non non non non non... La Spoiled Brat's dictature a des limites... Il faut savoir accepter.

Se taire, devant le prénom. Laisser faire. Avancer. Faire sa paix.

Mais comment, mais comment, quand encore une porte est laissée ouverte? Ils ont combien de jours pour le changer? Pour se pointer devant le registre des déclarations et balancer: Oui, désolé, on s'est trompés. On aimerait changer. Un autre, un autre prénom, un autre. Un qui plaira. Qui ravira. Qui ne portera pas malheur, tristesse, poids, vague à l'âme.
S'engouffrer dans la porte, pénétrer, régenter, ça s'passera comme ça et pas autrement?
Ou devenir vipère, dans le sommeil susurrer, aie confiance, Hortense, et laisse moi te guider...?

Ah qu'il est long le chemin de la sagesse, loin des caprices et des desiderata, chaque jour un peu plus forte et un peu moins pourrie mais quand même, m'est témoin Buddha, elle est salée, la tartine...



jeudi 3 juillet 2014

Friend Ship (has sailed?)


Étrange revirement des choses, lorsque l'on a fini par trouver un compagnon de route, un vrai, de ceux sur lesquels on peut compter, de ceux qui sont vraiment là pour soi, pour nous, et pour la vie à deux.
Lorsqu'on ne souffre plus des affres de l'amour et que l'on peut sur son amant se reposer, avec lui, ensemble, avancer, savoir que tout est bien que tout est beau que tout est... boche, et que pour le drame il faudra aller chercher ailleurs, car on a de quoi nourrir et abreuver notre coeur.

Plus de tourmentes, plus de déceptions, plus de chutes. Plus d'illusions, plus de coups bas, plus de terribles transformations.
On aime, on est en couple, et ça marche! et c'est facile. Et bon. Et doux. Et passionnant.
Grande première sur terre aux femmes qui aiment.

Oui.
Mais alors là? Quoi?
Découverte d'un autre mal de la planète, un mal étrange, nocif, sournois, violent, et qui rarement avait frappé, auparavant. Un mal qui ronge et qui rend faible, un mal qui profondément attriste, et fait basculer les fondements. Tout tombe à terre, boum! patatras! On avait pas vu ça comme ça.

L'amitié.
Les amitiés maléfiques.

La trentaine passée, une énième nouvelle vie commencée, on doit alors se confronter à cette réflexion qui jamais auparavant ne nous avait vraiment effleurée: c'est quoi, l'amitié?
qui sont mes amis? où? comment? à partir de quand?

Car l'arrivée dans une nouvelle vi(ll)e s'accompagne d'une redistribution des cartes, ainsi que d'une réaffirmation de qui est véritablement là, ou pas.

Il y a les amitiés dans lesquelles on tombe sans réfléchir, brutalement, comme en coup de foudre. Celles qui s'apprivoisent et qui aiment à mûrir. Celles qui, timides, font trois pas en arrière avant de plonger vraiment.

Il y a celles de toujours, qui nous écrivent de vraies lettres, de celles que l'on reçoit sur papier, sur le paillasson déposées, avec un timbre, et des baisers.
Il y a celles qui nous demandent conseil pour les choix cruciaux de la vie, parce que l'on compte, parce que l'on est de part et d'autre compris.
Il y a celles qui poussent à entreprendre à deux, à construire ensemble, à toujours davantage partager, vivre, expérimenter. Voyager.
Il y a les silencieuses dont on n'entend pas parler des mois durant mais qui, une fois devant soi, à nouveau, et comme au premier jour, nous retournent droit au coeur, lien permanent, fort, coloré.

Et il y a les autres.

Les châteaux de cartes.
Les nuages de fumée.

Celles à qui l'on se donne, pour venir ensuite s'écraser contre la porte fermée.
Celles en qui l'on croit, pour tomber plus bas.

Il y a celles qui trompent et qui manigancent.
Celles qui manipulent.

Celles qui, au beau fort de la courbe ascendante, dessinent alors un looping majestueux, pour mieux accélérer la chute, faire mourir l'échange et se briser la beauté des illusions qui nous disaient que l'on avait là un(e) nouvel(le) allié(e).

Tristesse. Blessure. Incompréhension.
Violence de ces amitiés maléfiques qui viennent vous frapper en pleine face et au moment où l'on s'y attendait le moins.

Étrange revirement de situation qui veut que ce ne soit plus par les hommes que l'on souffre, mais par ces êtres à qui l'on avait ouvert sa vie, qui entraient dans la ronde, danse, liberté, partage, diversité.
Étrange tournant de la vie qui veut que ce soit ces femmes que l'on aimait qui nous blessent et nous délaissent, nouveau visage, haine, jalousie, indifférence, mal désormais, et malheureusement, acquis.

Alors, à tous et toutes les autres, les vrais, les bien réels, à tous ceux et toutes celles que j'aime et en qui je crois, dur comme fer, fort comme le bois, je veux ici dire celles et ceux qu'ils sont pour moi, mon sel, ma vie; mon besoin, ma nostalgie;
mes aimés, mes amis,
mes frères.






mercredi 11 juin 2014

Heimweh, heim... weg? Ou l'ultime frontière...

Le mal du pays, mais pas le sien, pas le mal de la nostalgie.
Au contraire!

Le mal du pays d'un autre, et son poison, qui lentement nous coule dans la veine à chaque seconde que l'on y reste un peu plus.

Jamais encore arrivé de la sorte.

Partir, fuir, s'envoler, dégager, quitter, ô! un instant pouvoir s'élever au-dessus de la mêlée et de la foule, je sais pas moi, être équipée d'une petite hélice portative que l'on aurait coincée dans le sac à dos de manière à pouvoir léviter quelques centimètres au-dessus du sol afin de, déjà, ne plus vraiment faire partie du truc, s'être affranchie du terrain, avoir dépassé la frontière, ne serait-ce que verticale.

L'horreur de ne pas savoir qui, où, quoi, comment, l'horreur d'en être réduite à son enfer imaginaire, à brûler parmi les fantasmes et les fausses et mauvaises projections.
Rien de pire que ce qu'on se raconte et qui devient déjà, réalité, au point de ne plus pouvoir arpenter ces rues inconnues, qu'on aurait voulu pouvoir découvrir, auxquelles on voulait s'intéresser, mais qui ne sont plus, malgré nous, que le reflet d'une vie passée, non la nôtre, celle d'un autre, celle de celui que nous n'avons pas connu.

Et alors, plus le mal du pays, non, plus la nostalgie, mais bien la souffrance incroyable, le besoin irrépressible de dégager, d'en finir avec ce martyre, ça va, c'est bon, elle a bon dos, la croix.

Première fois qu'ainsi se matérialisent véritablement les contours géographiques de la frontière: cette limite, cette identité, ce dessin qu'il me faut transgresser, dépasser, dont il me faut sortir.
Je suis prisonnière d'une carte en 3D et je veux dégager, laissez-moi partir, bordel de queue! que vous faut-il de plus? J'ai mon visa, mon putain de passeport, je sais le lire, votre saloperie d'alphabet, je veux sortir, tu comprends? out! plus de p'tit tour, c'est bon, s'en va! je suis plus là! hop, c'est fini! je veux arrêter avec ça, terminé, regardez-moi bien, vous n'me reverrez jamais.

Et dans son coeur de baroudeuse, d'amoureuse de la route et des rencontres, la honte, la honte d'en être réduite à fuir un pays inconnu, car son imagination tortueuse est plus forte que l'aventure, car les souvenirs inventés d'un passé qui n'est plus ont pourtant eu raison de sa curiosité...  présente, et non fantasmée...

Dommage...
Peut-être.
Ou peut-être faut-il aussi parfois savoir s'accorder ce répit, et ne pas chercher, trop vite, trop loin, à s'acoquiner avec la flamme, mais se passer un peu d'onguent au cœur et s'offrir le whisky qui sourit et vient réchauffer les meurtrissures qu'on s'était amusée à se faire toute seule, pour rire, avec des crayons de couleurs gras, de ceux qu'on pensait qu'ils ne marqueraient pas. 



samedi 31 mai 2014

Les Montagnes Russes

Cela fait quelques temps que je ne suis pas venue emplir ces pages... Peut-être est-ce parce que je vis une période heureuse, bien remplie, loin des interrogations et des soucis...

Mais hier soir, entre deux sommeils, je vis apparaître sur les réseaux sociaux le message troublant d'un ami, un petit lutin malicieux, à la fougue contagieuse, et à la danse gitane.
Il écrivait quelques mots, beaux, durs, quelques mots cachés, qui mirent certains dans le doute. Cet homme à la verve piquante, au bon mot décalé, était-il sérieux? Ce dont il parlait était-il vraiment arrivé?

Il écrivait, après deux ans, son frère.
Son frère et le 30 mai 2012, où il fut tué par un chauffard.
Ce jour qui vit toute la vie basculer.

Car il en est du deuil comme de la véritable faille, la profonde cassure, la complète et irréversible transformation.

Je me suis souvent demandé pourquoi on disait que la vie changeait après que l'on perde sa virginité.
Ce n'est pas vrai. La perte de la virginité est promesse, joie, bonheur, ouverture d'horizons.

La perte d'un être cher en est le contraire. Il faut réapprendre à vivre. Réussir à vivre. Malgré. Tout.

Mes rêves de la nuit furent tourmentés.
Je me retrouvais avec mon frère et la ribambelle de mes petits cousins dans un train sillonnant l'Arctique.
Il faut savoir que ma grand-mère, que je perdis il y a presque six ans aujourd'hui, mourut alors que j'étais à Moscou, et m'apprêtais à embarquer pour le Transsibérien.

Dans mon rêve, le paysage était de glace, impressionnant, vierge, splendide. Dans le train, il n'y avait que nous, mais nous l'emplissions de nos cris, de notre vie, de notre agitation.
Ma grand-mère était là aussi, revenue parmi nous pour quelques temps. Je savais, en mon cœur, qu'elle nous quitterait à nouveau. Je ne savais pas quand. Ce n'était pas là la question à poser, ni la réflexion à mener.
Il fallait prendre soin les uns des autres. Faire attention aux enfants. S'assurer qu'aucun ne se penchait par la fenêtre, qu'aucun ne se perdait aux toilettes, dans les couloirs, que personne ne jouait avec un stalactite de glace.

Ma grand-mère demanda à l'une de mes cousines si elle connaissait encore la date de sa naissance, en juillet. Or, ma grand-mère est née en mai. Décédée en juillet. Je le lui fis remarquer. Elle secoua la tête, se reprit. Elle avait confondu sa naissance et sa mort.

J'avais dans les bras un nourrisson, les yeux clos, fragile, dont le cœur battait fort dans ses veines si menues que je ressentais chacune de ses pulsations, qui faisaient écho en moi.
Je devais emmener la bande d'enfants dans un parc d'attractions, je le leur avais promis.
Nous quittâmes donc l'appartement sibérien dans lequel nous avions fait escale, pendant que ma grand-mère préparait sa fête d'anniversaire.
Mais le mois de mai touchait à sa fin et je n'étais pas sûre de ce qu'elle voulait véritablement fêter...



























Le bébé dans mes bras, nous arrivâmes dans le parc désert, recouvert par la végétation, qui avait repris possession des attractions mortes.
Une grande ligne de montagnes russes recouvertes d'herbes folles fonctionnait pourtant encore, animée d'un esprit propre. Nul opérateur des machines, elle avançait de son propre chef.

J'y montais avec mon frère, mes cousins. Avouait à mon frère, le plus âgé des enfants, ma peine, mon angoisse. Il nous fallait retourner auprès de ma grand-mère, elle ne préparait cette fête que pour nous, nous ne pouvions pas la rater, qui sait quand nous aurions à nouveau l'occasion de célébrer quoi que ce soit avec elle? Elle était revenue pour nous, il fallait rester à ses côtés.
Mon frère trouva des mots rassurants. Mais regardant le bébé contre moi, dans mes bras, je me sentis envahie par une émotion plus grande, plus forte que moi, comme une vague, un vertige, tandis que les chariots entamaient leur ascension lente, vers le haut de la première montagne, de la première courbe, et je songeais à la vie, à la mort, à tous ces gens que j'aimais et voulais célébrer, à tous ces gens dont je voulais prendre soin, tandis que notre course s'accélérait et que nous nous laissions entraîner par les montagnes russes.





jeudi 6 février 2014

La beauté d'Ava Gardner



Pour la science. Pour la postérité.
No. Truly, because it helped me go through it all.

                                                                                                                                    31.07.08

So I was supposed to keep you posted, knew I wouldn’t be able to, but thought I would address my Transsiberian travel diary entries to you, then my grandmother fell, and I started writing to her instead.

Haven’t been writing since one week, except on the funeral.

Still don’t think I’ve understood everything, and it may be for the best.

Haven’t seen you in three months.

Your voice is what I want to hear the most. Your voice and your words.

That guy’s legs are completely blocking me and I’m already feeling the blood in my ankles.
Wish he’d just move the fuck out.

I wanted to go to Mexico, to speak Spanish, talk to my tree, my desert companion, and through him, to my grandmother.
I’m sure the Mayas knew it all, and that the trees do link us to different worlds. El arbol de la vida.

Pretty easy, my way of thinking: what’s good, beautiful, what’s easy to enjoy, what fills one with happiness, love, or any emotions of that range is directly shared with my grandmother.

It’s as though something opened inside me, and directly linked all my feelings to the earth, passing them inside it, and out into the wild, as if they were but an electrical strength, something like thunder, that would pass through and get into all elements, including me, the fifth - the grand-daughter -, and reach my grandmother through nature’s strength and beauty.

But anyway. Always the same. Got many other thoughts in mind, but don’t know if I’d better write them down or let them peacefully escape. Pleasing my flesh with young Juliettes. She’s been around, she’s been around.

Yeah I should walk on. The other day we had a meditation cession with my cousin, the one who spent 17 years between France and India. During the fifteen minutes where you're supposed to dance, I began rubbing my bare feet against the carpet, following the music, and couldn’t stop doing it for almost the entire dance.

I was walking, feeling the carpet relaxing my skin, teasing my nerves, and my tears stopped. I turned to the window, eyes closed, and the sunshine was leading me to open spaces, mountains, vivid, fresh air. Walk on.

I knew I’d need to. And told my grandmother at the hospital.

I also told her about the fairy tale experience I’d had the day before coming to see her.

In Normandy, our house is five minutes away from my grandmother’s, if you cut trough the fields.

I’d gone down the hill to help my family pack the clothes they were bringing back to Paris, to the hospital, in case my grandmother would be needing them there.

At that point, we thought she’d be okay, we'd received good news and were thinking she’d go to a re-education centre.

I went down, and started packing her stuff, but couldn’t prevent certain thoughts from hammering inside my head:
If she dies, who will choose the clothes she’ll wear? If I had to, I would choose the blue dress, she looks so young and pretty in that dress.

(Less than a week later,  in was in Moscow, and my grand mother was dead, and my mother went through these same clothes and chose this particular dress.)

When I finished packing, I insisted on walking back home, refused to let them give me a lift. They were extremely concerned, and in a hurry to get back to Paris.

So I waved at them, and crossed the road, remembering for the first time in ages the night that young girl - or was it a boy? - had been killed right in front of my grandmother’s house, driven over by a tractor.

I was ten, they’d drawn the body’s shape with chalk, on the road.

So I crossed, and reached the hidden path, between the fields.

The light changed, as if the sun had just appeared from behind a cloud, and it all looked shiny and stunningly beautiful.

It looked so amazing I somehow felt confident, and amazed by life - how it can all come tumbling down in a second, how it still remains so incredibly touching and beautiful, even when storms roar inside you.

As I climbed up, I remembered a tale from La Comtesse de Ségur - the one about this young princess who was gifted with all qualities, except for a nasty curiosity, that had her end up dealing with forces of evil, in a prohibited forest she should never have entered.

I was back up on the solid, concrete road leading to our house, when a boy, aged something around 6, came running towards me.

He’d appeared from nowhere, had black skin, and curly hair, the exact kind of kid I’ve always loved and wanted to have, one day. 

I was walking past him, staring at his pretty figure smiling at me. I smiled back and said: "Bonjour!"

My voice was firm, yet different than usual, maybe slightly weak, or still holding emotions.
He waited a second, then happily replied: -   Ça fait du bien d’marcher, hein?

- Ouais!, I answered, still amazed by this vision, and by his words.
They were the exact words I’d told my grandmother's sister in law to assure her I’d rather walk back up alone than have them drive me up the hill.

-   Et après ça fait mal aux jambes, he said.

I smiled again. I was further up on the road, and looking as if I’d be gone soon.

He looked at me for some more time, then asked at the top of his voice, feeling I was walking away:
- T’as un enfant?

I hadn’t stopped looking at him. 
I thought of my grandmother, of how she would love to one day see me with children. 
I also thought of how she had always been grateful to life for having given me such freedom, how she’d always encouraged me to enjoy my youth and liberty.

- Pas encore. Un jour.

The light was still extremely shiny, nature sublimée.
The houses seemed whiter, the grass and trees greener, the atmosphere quieter and more peaceful than ever, with singing, hidden birds.

The boy then spread his arms wide open in my direction, looking at me with that moving smile, looking both innocent and wise, somehow omniscient.

He seemed to be giving himself to me, laughing and determined. 
As if he was offering me his entire soul and trust already, desiring the path under my feet, yet at the same time, looking strong and filled up with the life he wanted, his self insurance and the fact that he must have had a very loving family.

I smiled again, and something unspeakable was in that smile. I waved my hand to say goodbye, and felt he had understood it all.

He smiled one last time, and went back running, in an excited, happy, confident way, back to his home.




mardi 28 janvier 2014

Paroles paroles paroles

Toujours et de tout temps les mots m'ont fait quelque chose.
Cette impression qu'ils ne recelaient pas seulement leur sens, mais également l'essence de tout: du lien, du sentiment, la cristallisation du souvenir, le condensé de l'émotion. Qu'à travers les mots utilisés pourraient vivre à nouveau des amours passées, qui s'élèveraient devant nous, génies sortis de leurs lampes.
Et que faire, lorsqu'on craint de voir certains génies apparaître?
Et que faire, lorsque ces lampes recèlent notre plus profonde intimité, celle que jamais l'on ne voudra partager, avec d'autre qu'avec l'être aimé?

Est-ce trop? Y mets-je trop du mien? De mon fantasme, de mon imagination, de mon impression, de ma peur?
Faut-il savoir rester tranquille et confiante, forte de la conviction que les mots ne possèdent ce pouvoir que lorsque échangés entre nous, de lui à moi, et qu'importe si d'autres écoutent? Les mots seraient-ils alors aux autres couverts, cachés, entre les lignes indéchiffrables, et à nous seuls offerts?

Je l'espère…